Quel est le point commun entre l’architecture et le cirque chinois ? À l’instar du jongleur, l’architecte doit, dans un geste fluide et esthétique, jongler avec toutes sortes d’attentes et exigences. Cet exercice d’équilibre, le bureau d’architecture Govaert & Vanhoutte l’a parfaitement réussi avec son concept de showroom Mercedes pour le groupe Vereenooghe à Ypres.
Depuis le périphérique tout proche, tous les regards sont littéralement attirés par le défilé d’étoile sur le catwalk surélevé. Les voitures sont abritées en toute sécurité sous un auvent aux lignes épurées, dont le plafond a été parachevé pratiquement sans joints visibles et dans un souci rigoureux de planéité avec Knauf Aquapanel. Dans la foulée, les jongleurs-architectes ont réaménagé l’espace extérieur désordonné en un ensemble transparent et ont conféré aux bâtiments, tant neufs qu’existants, une cohérence visuelle.

La demande : room to show

Grâce à un autre établissement situé à Roulers et qui avait déjà été rénové préalablement par le bureau d’architecture Govaert & Vanhoutte, le maître de l’ouvrage savait qu’un nouveau showroom porte assurément ses fruits en termes de façon de travailler, d’allure, de ressenti et d’impact commercial. La concession d’Ypres avait d’urgence besoin d’un exercice similaire. En raison de ses formes capricieuses, le showroom existant, âgé de pratiquement un quart de siècle, n’offrait aucune transparence et était devenu trop exigu pour la gamme.
Sa forme pesait aussi sur les abords extérieurs, un enchevêtrement chaotique d’emplacements de parking et d’espaces indéfinis. La précédente collaboration avait également permis de dégager un autre enseignement : il y a ‘regarder’ et ‘regarder’. À Roulers, le bureau Govaert & Vanhoutte avait réparti les voitures sur plusieurs demi-niveaux. La richesse des perspectives ainsi créées était extrêmement appréciée par les visiteurs du showroom.

La base : trois murs de béton parallèles

Le showroom existant a été démoli et remplacé par un nouveau tire-l’œil. Le concept de celui-ci est basé sur trois murs en béton placés parallèlement les uns par rapport aux autres et agrémentés d’un maximum de volumes vitrés. Joost Vanhove, architecte chargé du projet chez Govaert & Vanhoutte : “Pour attirer l’attention, nous avions orienté la façade la plus large du showroom en direction du périphérique. L’ancienne entrée, accessible via la rue de l’autre côté du terrain rectangulaire, a été conservée. 
Délimitant ainsi une cour intérieure qui, grâce à son revêtement – de l’asphalte pour la circulation, du béton lavé pour la cour –, signale au visiteur où il doit se rendre. En faisant partiellement se prolonger la façade côté périphérique comme une bande et en ne remplissant pas la dernière partie de celle-ci, nous avons créé une perspective de et vers la cour.” Pour obtenir un espace le plus ouvert possible avec le moins de colonnes possible, les architectes ont appliqué une trame structurelle de 19 x 6 mètres.

La différence : un rien plus haut

La différence de hauteur dans le showroom constitue une seconde ligne directrice. Damiaan Vanhoutte : “L’ancien showroom s’étendait sur deux niveaux : le niveau du sol et une estrade située à +60 cm, que nous avons conservée. Nous nous sommes ainsi non seulement inspirés de l’enthousiasme du maître de l’ouvrage pour la solution à plusieurs niveaux de Roulers, mais cela offrait aussi deux opportunités supplémentaires. Nous avons laissé la dalle en béton se prolonger autour du showroom, ce qui s’est traduit par un socle extérieur où les voitures sont encore davantage mises sous les projecteurs.
Second avantage : le maître de l’ouvrage souhaitait un niveau inférieur où des voitures pourraient être remisées temporairement. Grâce à la différence de niveau, cela a nécessité moins de travaux de terrassement et moins de déplacements de terres. La trame structurelle précitée du showroom a quant à elle été harmonisée aux emplacements de stationnement confortables de 3 mètres nets par voiture à l’étage inférieur.”

Le clin d’œil : un auvent parachevé avec au plafond sans joints visibles

En tant que troisième ligne directrice, le grand auvent joue un rôle pertinent au niveau visuel. “Grâce à l’implantation judicieuse des murs en béton, nous avons pu placer l’auvent sur deux de ceux-ci, de telle sorte qu’il semble flotter. Ce qui confère un caractère encore plus aéré et léger à l’architecture minimaliste. En étroite concertation avec l’ingénieur, nous avons dessiné l’auvent de manière à ce que la hauteur reste minimale.
Pour le parachèvement du plafond, notre choix s’est porté sur Knauf Aquapanel. Ces plaques à base de ciment permettent une finition à l’enduit parfaitement plane, et créent ainsi un plafond sans joints visibles. Pour la finition ultime a été choisie une peinture la plus proche possible de celle des murs en béton apparent.”

L’abri: résistant aux conditions climatiques et au soleil

Outre une fonction signalétique, l’auvent, d’orientation sud-ouest, revêt plusieurs fonctions pratiques. Les voitures sont ici à l’abri de la poussière et des conditions climatiques. Le débord a été étudié de manière à éviter au maximum l’ensoleillement direct sur les façades vitrées et ainsi empêcher tout risque de surchauffe.
“Cela nous a permis d’opter pour un maximum de surface vitrée, un sérieux atout pour un showroom”, ajoute Joost Vanhove. “Libre, le troisième mur en béton protège les modules de bureau de chaque fois 3,60 m situés côté est contre les rayons du soleil matinal. Ces bureaux ont été dotés de leur propre identité en appliquant des cloisons acoustiques tendues arborant chaque fois l’impression d’un modèle de Mercedes différent.” Ici aussi, fonctionnalité et esthétique vont donc de pair.

L’exécution : étonnamment rapide

La vitesse d’exécution peut être qualifiée de remarquable. Octroi du permis en janvier 2016. Début des travaux d’excavation à la mi-février 2016. Mise en service du showroom fin décembre 2016. D’autant plus que les murs en béton ont été réalisés sur place en béton rhéodynamique, ce qui prend tout de même du temps. Une bonne coordination, des entreprises de qualité et un petit compromis ci et là… Ainsi Joost Vanhove résume-t-il les ingrédients de cette recette à succès.
“Les murs en béton ont été désolidarisés de l’étage inférieur, de telle sorte que le gros œuvre du rez-de-chaussée et les travaux d’excavation ont pu être réalisés en même temps. Nous avions fait fabriquer les façades extérieures en aluminium ainsi que les vitres à l’avance, sur base de mesures théoriques et non d’un métré.” L’architecture témoigne ici non seulement d’une approche audacieuse, mais aussi de la bonne organisation du chantier. Chapeau !